"Là il rencontra Pissarro, et tous deux, lors d'une visite à la National Gallery, furent vivement frappés par les oeuvres de Turner. Cet ensorcelant peintre, à la fois visionnaire et naturaliste, cherchant tour à tour l'irréel dans le réel et le réel dans l'irréel, ne pouvait manquer de les exciter à se mettre en peine d'une couleur plus vibrante que les harmonies délicatement nuancées dans les gris de \corot et de Boudin, et que les riches

 

 

  mais lourdes triturations de pâtesCoubert. Ce ne fut pas une invitation, mais un simplele acheminement, décisif toutefois. Turner put être pour eux ce qui avaient été Constable et Bonington pour Théodore Rousseau, Paul Huet, Cabat, Daubigny et dans une certaine mesure Corot luimême. Tous avaient été stimulés, mais non asservis, par les deux admirables naturalistes anglais."

Arsène Alexandre, Claude Monet

 

 

    

 

 

 

 

Réformé du service militaire et toujours à la recherche d'argent pour vivre. Monet laissant Camille et son fils Jeans en Normandie part pour l´Anglaterre, pays en paix où il espère travailler et vendre. il rencontre Daubigny qui suit avec intérête ses recherches et qui le présente à Durand-Ruel, Français ayant pignon sur rue à Londres. Dans ses Mémories, Durand-Ruel évoque ce premier contact: "C'est dans ma galerie de Londres, qu'au commencement de 1871 je fis la connaissance de Monet, dont jávais bien remarqué les oeuvres dans les derniers Salons mais que je n'avais pas eu l'occasion de voir, car il n'était presque jamais à Paris. Je lui achetai aussitôt les tableaux qu'il venait de faire à Londres."
    Ayant fui Louveciennes devant les Prussiens Pissarro gagne aussi l'Anglaterre.. L'Académie Royale, équivalent du salon des artistes français, refuse les toiles qu'il lui présent. Ne pouvant compter que sur lui-même, Pissarro essaie alors placer des tableaux chez Durand-Ruel. Par l'entremise de Durand-Ruel - "sans lui, nous serions morts de faim à londres", affirme Pissarro - Monet et Pissarro se retrouvent et travaillent. les études de pluie, de neige et de brouillard leur permettent d'aller encore plus loin dans l'óbservation et la traduction de l'atmosphère.
     Pissarro confiera plus tard au peintre anglais Wynford Dewhurst qui préparait un ouvrage: "Monet et moi, nous étions enthousiasmés par les paysages de Londres. Monet travaillait dans les parcas alors que moi, habitant Lower Norwood, à cette époque un charmant faubourg, j'étudiais des effets de brume, de neige et de printemps. Nous allions également aux musées. Les aquarelles et les peintures de Turner et de Constable, ainsi que les toiles de Old Crome, ont certainement eu une influence sur nous. Nous admirions Gainsborough, Lawrence, Renolds, etc., mais nous étions surpris surtout par les paysagistes qui étaient plus près de nos recherches par rapport au plein air, la lumière et les effets fugitifs..."
    Certains extraits du livre de Dewhurst paraissent dans The Studio au début de l1année 1902. Irrité par l'importance attribuée à l'influence des Anglais sur les impressionistes, Pissarro écrira à son fils Lucien le 8 mai 1902: "Ce monsieur Dewhurst n'a rien compris du mouvement impressioniste. Il ne voit qu'un procédé d'exécution et il mélange les noms, il considère Jongkind comme intérieur à Boudin. Tant pis. Il dit aussi qu'avant d'aller à Londres nous [Monet et moi] n'avions pas une idée de la lumière:cependant nous avons des études qui montrent le contraire. Il supprime l'influence de Claude Lorrains, Corrot, tout le XVIII siècle, Chardin surtout. Mais, ce dont il ne se doute pas, c'est que Turner, Constable, tout en nous servant, nous ont confirmé que ces peintres n'avaient pas compris l'Analyse des ombres,  qui, chez Turner, est toujours un parti pris d'effet, un trou. Quant à la divisioon des tons, Turner nous confirmé sa valeur comme procédé, mais non comme justesse ou nature. Du reste, le XVIII siècle était notre tradition."
 

   

 

 

Monet et Pissarro à Londres pendant la guerre

 

 

 

 

 

 

 

Pissarro, comme Monet, effectuera plusieurs voyages en Angleterre en 1871, en 1890, en 1892. Lors de son premier séjour, il retrouve, là où allaient déjà ses préférences en France, ces motifs michampêtres, mi-villageois, où l'architecture des maisons vibre dans le feflet d'une lumière d'après pluie, Pissarro "s'ingénie à rendre le charme frais des aristocratiques paysages anglais", écrit Ch. Saunier, en 1892 dans La Revue indépendence.

 

   
 
   
   

 

 

Forcé par les événements, Monet se rend pour la première fois en Anglaterre; il y retournera par la suite en 1891, et à plusieurs reprises de 1899 à 1904, réalisant une vaste série centrée sur thème de la Tamise. Pendant dans un esprit assez proche de certains Whistler, ce qui marque une fois encore l'étonnante communauté de recherches des peintres de cette époque.

 

 

 

 

 

 

< J.M.W. Turner: Incendie du Parlement, Londres - 1834

< John Constable: La baie de Weymouth.

 

   

 

 

 

 

   

 

Pendant son séjour à Londres, en juin 1872, Pissarro recevait une lettre de Théodore Duret lui dépeignant la desolation de paris sous la Commune. Quelques jours plus tard., le peintre répond sur ton aussi détrimé, se plaignant de l'indifférence générale que son travail rencontre en Anglaterre: "[...] je ne resterai pas ici, et ce n'est qu'à l'étranger que lón sent combien la France est belle, grand, hospitalière. Quelle différence ici! On ne recueille que le mépris, l'indifférence et même la grossièreté; parmi les confrères la jalousie et la défiance la plus égoiste [...] Excepté Durand-Ruel qui m'a acheté deux petits tableaux, ma peinture ne mord pas, mais pas du tout, cela me porsuit un peu partout... Peut-être serai-je avant peu à Louveciennes. J'y ai tout perdu, il me reste une quanrantaine de tableaux sur quinze cents."
 

Camille Pissarro: Neige à Lower Norwood - 1870.

Claude Monet: Le Pont de Westminster et le Parlement de Londres - 1871

Camille pissarro: Dulwich Colleg - 1871

 

 

 

 
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