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      Monet voulait faire de cette toile, qu'il préparait pour le Salon de 1866, son manifeste de la peinture de plein air. Pour que la lumière soit naturelle, le tableau devait être réalisé le plus possible à l'extérieur. Dès le printemps 1865, Monet recherche un site adéquat et invite Bazille à venir le rejoindre; un accident à la jambe l'oblige à reporter l'exécution de son projet à l'année suivante.
L' audace de Monet attire de nombreux curieux: on cherche à voir cet ambitieux qui veut remplacer le travail de l'atelier par une confrontation directe avec la nature, l'idéalisation réfléchie par l'observation des phénomènes éphémères. Chacun lui donne des conseils, surtout Coubert qu'il admire. Il finit par en être excédé. Les changements rapides du temps sont, surtout, en contradcion avecles trop grandes dimenssions du tableau et Monet sent qu'il ne pourra aller aussi loin qu'il l'espérait. A quelques jours de l'overturedSalon, il abandonne sa toile; elle sera plus tard divisée en trois parties.
 

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1865 - 1866: Les Déjeuneurs sur l'herbe de Monet


    Le Déjeuner sur l'herbe de Monet est l'une des œuvres clés de l'évolution de la peinture. Pour la première fois, un artiste propose de peindre des personnages en extérieur, sur la scène elle-même, pour recréer immédiatement l'environnement. On connaît tous les déboires mécaniques que le peintre rencontra lors de la réalisation de cette vaste œuvre. "A cette époque, il entreprend la grande toile du Déjeuner sur l'herbe, aujourd'hui fragmentée mais toujours belle dans son agencement. La scène se passe dans la forêt de Fontainebleau, et Monet avait appliqué sa volonté et toute la force de son art de jeunesse à représenter le personnages tels qu'ils apparaissaient à l'air libre, dans leur écrin de verdure, ce fut la véritable révolution dans la pratique de la peinture, et de fait l'École du plein air est un nom justifié, donné aux peintres qui s'inspiraient du même principe d'observation comme Monet [...] Ce vaste tableau est encore dans son atelier au jour où j'écris ces lignes, et j'espère qu'il ne le quittera que pour aller au Luxembourg, puis au Louvre, sa place naturelle, car il est une date dans l'histoire de la peinture, en même temps qu'une affirmation extraordinairement énergique et bell dún talent qui se cheche et qui se trouve", dit à son sujet le grand ami des impressionnistes, l'écrivain Gustave Geffroy.
     Quelques années plus tard, Cézanne reprend le même thème, qu'il traitera ensuite par deux fois encore, pendant la période impressioniste. Mais la version qu'il en donne en 1869 - 1870 retient particulièrement notre attention parce qu'elle laisse percer le caractère même du peintre. En pleine lutte avec luimême, mécontent et tourmenté, celui-ci semble pris de vertige devant l'immensité d la tâche qu'il s'est assignée. Et, par un réflexe typiquement méridional, il ironise. Il ironise sur son propre tempérament, qu'il sait violent et passionné, et sur le choix du thème. Bien plus tard lorsqu'il peindra ses Baigneurs et ses Baigneuses, il atteindra dans une incomparable recréation cosmique la mesure véritable de sa conception picturale de l'accord entre figures et nature.



1. Claude Monet: Le déjeneur sur l'herbe, seul fragment subsistant d'une toile
    detruit par le peintre - 1865-1866.

2. Claude Monet: Le déjeneur sur l'herbe - 1865.

3. Henry Peach Robinson: Femmes et enfants à la campagne, composition
    photographique -1860.

4. Claude Monet: Le déjeneur sur l'herbe -1866.

5. Claude Monet: Etude pour Le déjeneur sur l'herbe, crayon noir - vers 1865.

6. Paul Cézanne: Le déjeneur sur l'herbe - 1869-1870

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 La comparaison entre le dessin et la première version du Déjeuner sur l'herbe montre l'évolution de Monet. Dans le premier, le décor reste classique; dans l'huile, l'artist remplace la trouée lumineuse du chemin par une clairière et ramène la scène à la surface trouvan ainsi le moyen d'harmoniser et d'unir la lumière en la filtrant à travers l'épais feuillage des arbres de la forêt de Fontainebleau. Frappé par la différence d'éclait et de valeur des ombres et des lumières, il morcelle et frmente sa touche, ne craignant pas de brise un plan d'ombre par quelques taches de soleil. Il cherche encore à décrire ce qu'il observe, mais sa perception directe des phénomènes naturels libère l'originalité de sa sensibilité.
     Il est intéressant de comparer le Déjeuner de Monet à celui, contemporain, d'une photographie de pique-nique. L peintre invente l'instantané alors que le photographie veut rivaliser avec l'art classique. La longuer des poses accuse le volume de ses personnages, la lumière est figée dans un violent contratste et la composition, qui se déroule en spirale à partir des trois petites filles assises sur le rocher,respecte les recettes de la scène de genre. Monet découpe plus librement son sujet, saisit ses personnages dans une attitude plus détendue e, surtout, fond le détails dans l'harmonie dynamique de la lumière. Alors que l'un semble avoir photographié un groupe sculpté, l'autre traduit la vie même à partir de ses manifestations fugitives.

 
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