un petit appartement pendant l'été. Il essaya de trouver des commandes auprès d'un ami influent: "Je ferais n'importe quoi, à n'importe quel prix." Il écrivit aussi à Bazille lui demandant d'envoyer de quoi acheter des tubes de peintures; comme Bazille n'avait pas répondu tout de suite, il insista: "Cher ami, voulez-vous savoir dans quelle situation jesuis, et comment je vis, depuis huit jours que j'attends votre lettre? Eh bien, demandez-le à Renoir, qui nous apporte du pain, pas de vin, pas de feu pour la cuisine, pas le lumière, C'est atroce."
     Le désespoir de renoir et de Monet semble avoir libéré leurs pinceaux de toute contraint académique; c'est dans de telles conditions qu'ils commencèrent à employer la technique qui leur permetait d'appliquer la peinture par coups de pinceau vifs et incisifs, en points ou en virgules, technique qui caractérisera, plus tard le "style impressioniste". En fait, c'était l'eau et la douce ondulation des rides provoquées par les canots à rames, les reflets mouvants du soleil et des ombres projetées par les arbres, qui les absorbaient tout entiers. Il est évident qu'ils devaient procéder rapidement sans trop hésiter, mais, désormais en pleine possession de leurs moyens, habitués à travailler par touches instantanées, et tout à fait à leur aise en plein air, ils réussirent à retenir avec leurs pinceaux l'éclait coloré et animé des déjeuners en plein air et des jeux sur l'eau. Rameurs et jeunes femmes sont là aussi et Camille aussi avec sa robe à rayures. Il faudrait snas doute remonter très loin dans l'histoire pour retrouver des peintures hédonistes d'un tel charme natures et dénué d'affectation. Comme l'a fait remarquer Kenneth Clark: "C'est à la Grenouillère, le café au bord de la Seine, qu'est né l'Impressionnisme.
.." 

 

 

Bougival, les débuts du plein air


 

 

      "Il se trouvait aussi, aux environs de Paris, des lieux qui attiraient, non pas seulement par la beauté de leurssites, mais, par les scènes de la vie de plaisir dont ils étaient le théâtre et par le concours d'une foule joyeuse. Il y a eu une époque, commençant vers 1848 et finissant vers 1885, où les bords de la Seine, d'Asnières et d'Argenteuil à Bougival et à Marly, voyaient affluer la jeunesse parissienne. Elle s'y livrait à ses plaisirs. Elle pouvait y canoter, s'y baigner, y danser. Le dimanche, les visiteurs de toute sorte, même les paisibles bourgeois, venaient y jouir de la gaieté générale. Il n'y avait pas alors un Parisien qui ne connût la région, pour l'avoir fréquentée ou en avoir entendu parler, par ceux qui la fréquentaient."

Théodore Duret, Renoir
 


Charles-François Daubigny:
Voyage en bateau. Le départ en chemin de fer, plume.

Vue prise de Bougival, lithographie.

La Grenouillère, gravure

 

 

 


 
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