Parmi les habitués du Café Guerbois quelques-un devaient être
très pittoresques. Nadar, un géant qui écrivait et dessinait
magnifiquement, faisat des ascensions sensationnelles en ballon,
que lá postérité connait par ses magnifiques photographies,
ycompris ses portraits des jeunes peintres. Villiers de
l'Isle-Adam, au nom aristocratique, écrivain à la barbiche jaune,
dont les mains blanches toujours en moviment émergeaient de
manches trop étroites. Stéphane Mallarmé, professeur d'anglais
de lycée, auteur de vers aussi admirables qu'hermétiques.
Constantin Guys, qui appartenait à la génération précédent, y
passait aussi à l'ocasion. baudelaire, avec son goût si sûr.,
s'était enthousiasmé pour l'oeuvre de ce singulier artiste.
Dans un essait écrit de 1859 à 1860 intitulé Le peintre de la
vie moderne, il exposera sa conceptiond'un art moderne. Enfin,
c'est probablement au Café Guerbois encore que Coubert fit la
remarque si souvent citée au sujet de sespropes toiles: "C'est
tellement beau, que c'en est stupide! ".
Cézanne ne venait pas souvent. "Tous
ces gens-là sont des salauds, disait-il. Ils sont aussi bien mis
que notaires." Il n'aimait pas l'atmosphère animée du café et se
méfiait en particulier de Manet à cause de son costume
impeccable, des ses gants en peau de daim, de sa carne à pommeau
d'argent, de son haut-de-forme et de ses souliers vernis. Un
beau jour, cependant, il se laisse entraîner par son ami Cabaner
jusqu'au Café Guerbois. Il portrait un grand chapeau de feutre
noir tout déformé et un long pardessus, qui avait dû être noir,
mais que les ravages du temps avaient fait passer |
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Affiche de l'Exposition Manet à
New York em 1879.
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La première
exposition du groupe impressionniste en amérique sera organisée
en mars 1886 par George Moore dans le cadre de "l'American Art
Association" de New York, mais L'exécution de Maximilien de
Manet est la première toile montrée dans ce pays par la
cantatrice française Madame Ambre, dont Manet fait le portrait,
et son imprésario Gaston de Beauplan. L'exécution de Maximilien,
dont l'exposition a été interdite en France, est présentée en
novembre 1879 à New York et à Boston.
La toile reçut un accueil très partagé. L'article
paru dans le New York Herald du 29 novembre 1879 rflète assez
bien l'atitude des critiques: "Manet est l'apôtre du naturalisme
français pour la peinture, comme Zola l'est pour la litérature
[...] Les défauts de son oeuvre sont nombreaux et celle-ci est
tristement imprécise, mais elle est empreint d'une grande
perfection, qui attitera cependant davantage l'artiste et
l'amateur que le public en général en tant qu'oeuvre d'un homme
original qui va à l'encore des conventions." |