|

Thomas Couture Les Romains de la decadence -1847
Faisait Partie de la collection de Napoleon III |
Il y a place
aujourd'hui, dans la peinture e la statuaire, sans
parler du rest, je ne dis pas pour un grand artiste
- les grands artistes sont bien venus en tout temps
- mais pour une révolution.
IERRE JOSEPH PROUDHON
|
|
|
INSURRECTIONS, révolutions, dictatures: telle
est notre époque. Les quelque vingt prises dupouvoir dont
nous avons été témoins nous ont familiarisés avec la
techinique des coups d'Etat et l'idéologie des revolutions
populaires. Un siècle de recul nous permet donc de
jeter un regard quelque peu blasé sur la carrière de
Louis-Napoléon-Bonapart et de la considérer avec un certain
détachement, voire avec ce sourire désabusé avec lequel nous
retrovons ces méthodes et ces procédés totalitaires que nous
connaissons maintenant si bien.
Louis Bonaparte était un isolé; il n'avait
derriàrre lui aucun parti, aucun mouvement populaire. Il
avait tenté de parvenir ao pouvoir en s'alliant avec la
bourgeoisie française, à un moment où cette classe si
puissante était profondément ébranlée par la revolution de
1848. Celle-ci avait mis un point final à la Restauration:
la nouvelle République, la deuxième du nom, devenait
dangereusement conscient des différences de classes. D'autre
part, en tant que neveu du grand Napoléon, Louis jouissait
d'un préjugé favorable auprés de l'électorat populaire, et,
à une heure critique, il s'était montré - non sans de
multiples maneuvres de sa part - l'homme qu'il mit
rapidement fin, en decembre 1851, à cette dénomination
ambiguë e qu'il devint empereur des Français.
Près de deux cents ouvriers furent tués sur les
barricades, tandis que des hommes politiques et des
journalistes étaint jetés en prison. Au cours de l'"épuration"
générale qui suivit, dix mille republicains furent déportés
en Algérie, environ deux mille bannis à perpétuité (sans
compter ceux qui, comme Victor Hugo, s'exilèrent
volontairement), et troi cents envoyés à l'ile du Diable, la
"guillotine sèche" du regime de feu son oncle. La fière
devise républicaine, Liberté, Egalité, Fraternité, fut
effacée des murs de Paris.
L'ideologie sur laquelle l'empereur projetait de
fonder son régime devait, selon lui, refleter la gloire
nationale, détourner et entretenir l'atttention, et
s'imposer par l'áutorité en même temps que par la persuasion.
Le train de vie, d'un faste et d'une ostentation sans
précédent, dans lequel il allait dès lors se lancer, était
moins une question de sybaritisme (c'était aussi cela),
qu'une politique calculée de grandeur impériale, destinée à
inspirer l'émulation au sein de la classe possédant et un
sentiment d'adoration parmi ceux condammés à végéter
irrémédiablement dans leur humble condition.
Ansi donc, les Français virent passer leur
nouvel empereur dans la voiture de gala, un énormé véhicule
tout en velours rouge et en dorures, surmonté en son milieu
d'un grande aigle couronné dont les ailes déployées
arbritaint l'imperial passager. Ils le virent, adoptant la
mode du jour, mener son cabriolete au galop à travers les
rues, esquissant un timide sourire sous les longues
moustaches cosmétiquées; ils le virent danser, au son d'un
orgue de Barbarie, puisque (ceci pour le bon peouple) "un
orchestre, c'est si encombrant", danser la polka, la mazurka,
les lanciers et autres quadilles, comme tout le monde. Et
s'ils étaient parmi les privilégiés, ils pouvant se rausser
en voyant l'empereur, portant pantalons courts de cachemir
blanc, bas noir, épée de parade, et long plastron
blanc
coupé par le ruban rouge de la Légion d'honeur, recevoir les
notables dans le Salon des Maréchaux. |
|

|
Et puisqu'il était
avant tout un soldat, d'éblouissantes parades militaires étaient organisées: nouveux
uniformes flambant neufs, quand l'empereur passait
ses troupes en revue à Longchamp (quatre hommes sur
cinq ne savaient pas lire); cuirassiers défilant au
galop dans leurs cuirasses d'acier poli, lanciers au
petit trot, talpacks, shakos et chapkas; artillerie,
avec ses noveaux canons de bronze; fantassins, dans
leurs longues capotes noires, turcos, coiffés du fez
et pantalons courts, zouaves en turbans et amples
coulottes rouges; chasseurs à pied défilant aupas
acceleré; enfin sapeurs trapus, en bonnets de
fourrure et tabliers blancs. Ils virent l'empereur,
debout sur le Champ-de-Mars, présenter les Aigles à
l'aemée, comme l'avait fait son oncle, ou signer des
traités avec une plume d'aigle. |
 |
Le
Quai des Grands-Augustins, Paris, photographie -
1858 Franz Xaver
Winterhalter:
L'Empereur Napoléon III |
|
|
|
|